Le 10 mai dernier, lors de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, la ville du Havre a dévoilé la collection de podcasts « Ombres et Lumières » qui dessine un parcours sonore mémoriel en plein coeur du centre ville. Une nouvelle production Ecran Sonore.
Entendez-vous la ville ? Elle vous parle ! Au Havre, désormais, tendez l’oreille, ou plutôt, votre smartphone en direction des QR codes disséminés au gré de vos déambulations. Dix plaques de rue de la ville sont enrichies par les épisodes de la série « Ombres et Lumières : traite atlantique et esclavage au Havre ».
En 10 capsules, l’historien Jean-Pierre Guéno, qui a prêté sa voix et sa plume au podcast, livre ainsi aux passants l’histoire de celles et ceux qui ont donné leurs noms aux rues de la ville : des personnages ou des familles ayant participé à la traite des esclaves ou ayant défendu la cause abolitionniste. Car le Havre a été un port majeur du commerce triangulaire, commerce entièrement fondé sur l’exploitation de l’être humain. Du XVIe au XIXe siècle 400 expéditions ont ainsi appareillé au port du Havre, chargées d’hommes, de femmes et d’enfants, achetés en Afrique de l’Ouest et pour être revendus sur le continent américain, s’ils parvenaient à survivre à la traversée.
Comprendre le contexte, rappeler l’implication de chacun, faire vivre l’histoire de la traite et de l’esclavage; avec Ombres et Lumières, la ville du Havre livre donc un travail de mémoire essentiel, où le podcast modifie le rapport à l’espace public.
Car le podcast in-situ, qu’il s’ancre au cœur même des villes ou qu’il soit intégré aux parcours de visite, aux monuments nationaux, ou aux expositions, joue un rôle de médiation primordial. Il revêt une visée pédagogique et expérientielle et se révèle comme véritable outil de médiation culturelle, scientifique, sociale ou mémorielle. Une simple application, ou un QR code, suffisent à faire entendre la voix des habitants d’un quartier, à transmettre un savoir-faire, une anecdote architecturale, ou à rappeler l’histoire de celles et ceux dont on prononce le nom sans y prêter attention et qui ont pourtant une histoire à nous raconter.